Vive les bienfaits de la chasteté ?

La Journée mondiale de la chasteté masculine, le 14 janvier, invite les couples à raviver la flamme au moyen… d’une cage à pénis.

Cages à pénis Holy Trainer. (Holy trainer)

« Vous souhaitez utiliser la chasteté dans votre couple afin que votre homme se concentre davantage sur vos besoins et vos désirs ? Alors profitez de cette journée pour offrir un nouveau départ à votre vie de couple. » Lancée à l’initiative de la marque suisse Holy Trainer, leader mondial dans la production de cages à pénis en résine biologique, la Journée internationale de la chasteté masculine a lieu tous les 14 janvier. Il s’agit pour l’homme (ou pour l’un des deux hommes, dans le cas des couples gays) de renoncer momentanément à l’usage de son pénis.

« Il suffit de se rendre sur le site MaleChastityDay.com, explique Eric (qui tient à l’anonymat), 54 ans, directeur de la firme Holy Trainer qu’il a fondée en 2008. Ce site permet de remplir en ligne un formulaire d’invitation. Nous l’avons créé pour que des personnes timides prennent l’initiative d’avouer leurs désirs : ‘’J’aimerais être enfermé et devenir un sextoy pour toi‘‘, ‘’J’ai envie que tu portes une cage et que tu sois mon soumis‘’ ». Si votre partenaire répond « Oui », procurez-vous un dispositif de chasteté muni d’un cadenas ou d’un verrou (les Holy Trainer coûtent 145 euros). Le 14 janvier, au cours d’une cérémonie intime, l’homme sera « mis en cage » et offrira les clés à la personne chargée de les garder.

En acceptant de rester sous le contrôle de l’autre, l’homme se verra forcé de respecter des règles imposées explicitement comme condition de libération. Si sa (ou son) partenaire exige de jouir tous les jours, par exemple, il devra faire de son mieux, avec la langue, les doigts et surtout son cerveau pour remplir sa part du contrat. Coincé dans son dispositif de chasteté, l’homme aura le désir de plaire, conscient qu’il pourrait bien rester en cage plusieurs jours, voire plusieurs semaines, selon le bon vouloir de la personne qui possède les clés. Celle-ci pourrait-elle abuser ? Sur le site MaleChastityDay, une notice rassurante indique : « Il est d’usage que la date de libération n’excède pas le jour de la Saint-Valentin (14 février). » Ce jour-là, si l’homme en cage s’est montré « agréable, respectueux et docile », il sera récompensé.

« Au-dessus de Lyon, on vend. En dessous, c’est trop macho »

Cela fait maintenant cinq ans que la Journée internationale de la chasteté masculine existe. « L’idée date de 2016, explique Eric. Nous avons créé le site comme un outil à disposition pour engendrer un dialogue dans le couple. Beaucoup d’hommes n’osent pas expliquer à leur compagne qu’ils aimeraient lui être subordonnés. » Pour eux, porter une cage, surtout si elle est rose, c’est romantique et excitant. Mais la plupart des femmes réagissent mal à ce type de demande : auraient-elles épousé un impuissant ? Ainsi qu’Eric le souligne, plus on descend vers les cultures du Sud, plus cela devient compliqué. « La ville de Lyon sert de frontière, dit-il. Au-dessus de Lyon, on vend. En dessous, c’est trop macho. »

Dans les pays nordiques, anglo-saxons ou au Japon, les hommes assument à peu près ce genre de désir. « 80 % de nos produits partent aux Etats-Unis, précise Eric. Cela n’a rien d’étonnant si l’on songe aux origines du mot sissy. » Sissy désigne les hommes féminisés. A en croire le créateur de la firme Holy Trainer, « la femme domine de plus en plus dans les cultures modernes, avec pour résultat que l’homme doit maintenant partager des tâches ménagères, prendre soin des enfants… » Le rôle du mâle dominant ne lui convient plus, ce qui explique probablement le succès que remporte, chaque année, la journée de la chasteté. Les ventes augmentent de façon continue.

Convertir son épouse en maîtresse

Même s’il préfère garder les chiffres secrets, Eric donne un indice : certaines compagnies rivales lancent des initiatives concurrentes. Il existe, sur Internet, trois ou quatre journées internationales de la chasteté masculine, ce qui prouve bien l’ampleur de la demande. « Vous savez, porter une cage, ça vous rapproche vraiment des femmes, explique Éric. Le premier jour, c’est juste rigolo. Vous portez la cage comme si c’était un jeu. Mais dès le troisième jour, la métamorphose opère. Quelles que soient les raisons – hormonales ou psychologiques –, l’homme n’est plus le même. Comme en manque de contact, il a envie d’être plus proche de vous. Il devient plus tactile, doux, câlin, caressant. Plus à l’écoute, aussi. Plus disponible sexuellement. »

La cage, ça vous change un homme, insiste Eric. Sur le site Holy Trainer, une incroyable quantité de commentaires en témoigne. Plus de 1200 messages, mêlant fantasmes et réalité, donnent la mesure de cette pratique encore peu connue du grand public : « Chaque fois que ma femme s’absente, elle m’encage pour s’assurer de ma fidélité », raconte un nommé Bisounours (dont on devine bien qu’il se masturbe très fort à imaginer ce genre d’histoire). « La sensation d’avoir mon zizi pris dans une petite cage me maintient dans un état d’excitation permanent », raconte un client autobaptisé « Sissy Natalie ». « Je porte ma cage 24/7 [en permanence, ndlr] jusqu’à ce qu’Elle me demande de la satisfaire. Après quoi, je retourne dans la cage », renchérit le nommé Dredger.

Certains amateurs de cage évoquent les avantages de la chasteté forcée : les voilà maintenant fidèles à leurs épouses, prétendent-ils. Ils ne vont plus voir ailleurs, ils ne se masturbent plus sur des films pornos. Ils sont devenus « sages ». Spécieux, pour ne pas dire de mauvaise foi, ces arguments expriment surtout, de façon criante, le fantasme de convertir son épouse en maîtresse. La plupart des hommes qui rêvent d’être mis sous clé ont du mal à faire partager leur excitation pour ce fantasme d’asservissement. « Il y a des femmes qui trouvent agréable qu’on leur offre un bijou gravé d’un cœur, explique Eric. Beaucoup d’hommes seraient heureux de recevoir l’équivalent : une cage rose gravée de leur prénom. Une cage sur mesure, quelle plus belle marque d’amour ? »

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